Déchets ménagers, une aubaine pour la Tunisie

Aujourd'hui, la Tunisie se trouve confrontée à de graves problèmes liés à la mauvaise gestion des déchets ménagers, qui doivent être résolus de toute urgence pour éviter toute nouvelle dégradation de l'environnement ou tout effet néfaste sur la santé humaine. La gestion des déchets en Tunisie se caractérise par de mauvaises pratiques de collecte et la présence de «points noirs» dans les zones résidentielles et les quartiers périphériques, ce qui nuit au développement des activités économiques, au tourisme et à la qualité de vie en général. De plus, les ressources en eau sont potentiellement menacées par des rejets incontrôlés dans les cours d'eau et les eaux souterraines.

Les problèmes posés par la gestion actuelle des déchets ménagers sont comme suit :

* Actuellement, la Tunisie produit environ 2,453 millions de tonnes de déchets ménagers par an soit 6 720 tonnes par jour. En supposant une croissance de la production de déchets de 4,5% par an (en tenant compte d’une croissance démographique de 1,5%), le volume des déchets ménagers pourrait atteindre 3,4 millions de tonnes en 2020. Les décharges exploitent de vastes étendues qui, dans des zones densément peuplées, deviennent un produit rare et ne sont pas durables sur le plan environnemental. En effet, certains pensent qu’il ne sera peut-être pas possible d’installer de nouvelles décharges en Tunisie dans le futur ;

* Les déchets solides ont généralement une densité élevée (398 kg/m³) qui augmente pendant la saison pluvieuse, avec l'augmentation de la teneur en humidité, ce qui aggrave encore le problème de gestion de l’espace ;

* Les coûts de collecte sont financés par les taxes de propreté et la contribution de l'État, mais ces recettes ne couvrent que 50 % du coût annuel réel ;

* Certaines décharges se trouvent à moins de 500 m du littoral et sont vulnérables à la montée du niveau de la mer, aux fluctuations du niveau des eaux souterraines et aux fortes précipitations, la force des vents violents et l'augmentation de l'action des vagues ;

* Les déchets mis en décharges ne produisent pas moins de 2 650 000 tonnes de gaz à effet de serre (GES) chaque année ;

* Seulement 23% des déchets ménagers générés sont mis en décharge contrôlée. La partie restante est évacuée vers des décharges anarchiques ou déversé dans les rues, les rivières et les zones résidentielles ;

* Les sites contaminés ne sont que rarement réhabilités en raison des contraintes légales et du manque d'incitations financières ;

* La génération de déchets ménagers ne peut refléter qu’un gaspillage de ressources. En effet, aucune des décharges n’est munie d’équipements de récupération de Méthane, source d’énergie électrique.

Le problème du trop-plein de déchets pourrait cependant être transformé en opportunité. Une aubaine pour la Tunisie, qui importe plus d'énergie qu'elle n'en exporte. En développant le traitement des biogaz, la Tunisie pourrait devenir autonome, créer de l'emploi, et même exporter.

L’idée n’est pas nouvelle en Tunisie : l’Agence Nationale de Gestion des Déchets (ANGed) présente, sur son site, un Programme de collecte et de traitement des biogaz au niveau des décharges contrôlées.

En outre, la Constitution tunisienne adoptée en janvier 2014 est une des trois au monde à inclure le principe de sauvegarde de l’environnement.

Autant commencer par les poubelles !